LEMNISCATE
PROCESSUS

25 octobre 2019

“Un corps de Qi” un article de Lou Yan

Dernière mise à jour le 11 février 2020

Un corps de Qi 

Nous naissons avec un corps physique, qui possède une mémoire fantastique.

La condition humaine fait du libre arbitre le juge qui va décider comment chacun de nous actualise son énergie psychique, ouvre son cœur.

Quel que soit notre mode de vie, notre égoïsme, notre enfermement ou, au contraire, notre altruisme et notre générosité, l’esprit en Soi fait son œuvre de recréation permanente, sans l’intervention de la conscience objective du moi.

La vie essaye toutes les pistes, toutes les formes de conscience, les polarités… L’expérience est infinie dans le monde de l’existence et des phénomènes changeants.

Alors pourquoi serait-ce une réalisation plus grande de construire un corps de Qi ?

Comment l’acquérir ?

Est-ce un concept ou une réalité matérielle ?

Comment transformer notre corps, compétent et actif, en corps vivant et inspiré ? Comment effectuer le passage de la force musculaire et de la volonté tendue de l’ego en nous, à l’énergie et à l’intention, le Yi ?

Prosaïquement comment disposer d’une Ferrari au lieu d’une 2CV ?

La première étape est d’entrer très progressivement dans un raffinement de notre schéma corporel qui permet de ressentir la respiration dans tout l’organisme.

La deuxième étape est de transformer cet outil corporel extrêmement performant en voie de connaissance et d’action véritable. Au fur et à mesure la respiration devient beaucoup plus subtile et elle commence à modifier le mental.

La méditation dans notre école réalise à la fois la mise en route de l’énergie potentielle présente dans le ventre (Dan tien inférieur ou hara) et la construction de nos « ailes ».

Les différentes positions de bras lors de la méditation assise mettent en relation l’extrémité des méridiens des mains (cœur, intestin grêle, triple réchauffeur, maître cœur, intestin et poumon) avec le centre, Dan Tian. L’un après l’autre, chaque doigt va être mis en contact avec le Dan tian Cette mise en contact requiert l’ouverture progressive du coude et son enroulement vers le genou. Ainsi on apprend au corps à former les cercles des bras, empreintes mémorielles pour mettre en place dans la Forme du Taiji les gestes corporels spiralés qui créent les vortex adéquats à la circulation du Qi.

Cette méditation est une forme qui va permettre au Qi de se mettre en route et de circuler ; cette forme dans la méditation assise est le précurseur de la Forme dans la méditation en mouvement du taiji.

Cette simplicité apparente de l’assise met en œuvre les conditions de base, nécessaires et suffisantes, pour commencer dans cette posture à penser la respiration interne, à élever et faire circuler l’énergie.

Lorsqu’on commence à mettre le Qi en route, on commence à informer et remplir chaque couche ou niveau de profondeur du corps par le Qi (Qi de défense, Qi de nutrition, Qi potentiel etc.) pour être comme une balle gonflée dans laquelle le Qi pousse sur tout le corps en même temps.

Lorsque tout le corps baigne dans un bain de Qi et que l’on intègre la conscience dans chaque geste et chacune des respirations particulières apprises en méditation, le cerveau change.

Cet état de plénitude de Qi apporte un apaisement du cœur, une sérénité, un mode de penser clarifié, et, petit à petit, le mental évolue : en effet, le cerveau -par sa plasticité- autorise alors de nouvelles connexions synaptiques, incite de nouveaux agencements et de nouvelles relations entre les “3 cerveaux”. Il est intimement remodelé, renouvelé et cette nouvelle configuration porte un mental rénové.

Alors une renaissance se produit, ce que la tradition taoïste appelle « l’élaboration de l’embryon ». C’est du moins comme cela que je l’ai vécu et que je le vis chaque jour depuis trente ans.

Octobre 2017

Lou Yan
lou-yan@le-jardin-interieur.com
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